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samedi 5 avril 2014

"La Crème de la Crème" de Kim Chapiron

"Vous avez intégré la meilleure business school d'Europe ! Vous êtes la crème de la crème ! Mais vous avez des devoirs,etc." Ainsi le directeur de l'école, style DSK, ouvre l'année scolaire. 
Et ensuite tout s'enchaîne dans un tourbillon de disco, de sexe, d'alcool... Et très peu de
cours. 
On entend souvent que dans ces écoles, les étudiants ne font pas grand chose. C'est en partie vraie. Ils sont tout de même  formés pour être des managers capables de naviguer dans toutes les situations de l'entreprise, et par tous les temps. On leurs apprend qu'une entreprise, c'est un produit, "une chose", un "neutre" qui se vend et s'achète, se coupe, se morcelle, se délocalise...On embauche et on débauche en suivant les fluctuations boursières. Et pour réaliser cela, "no emotion", et toujours garder l'oeil fixé sur "l'ebit" en utilisant l'outil que l'on a mis en place appelé "process". Chaque responsable "tracke" et périodiquement tous les indicateurs de l'entreprise sont réunis dans le "control tower". Grâce à ces outils l'actionnaire contrôle pour souvent en demander toujours plus.
Ce manager lui-même est un produit, "une ressource humaine".

Pour arriver à fabriquer ce manager inoxidable, il faut décerveler l'individu, le sortir de ses humanités, le rendre poreux,  pour  en faire cet homme de chiffres et de tableaux Exel ou Power Point.

Dans le film, le sexe et le réseau de prostitution ne sont qu'un prétexte, certes d'une manière un peu exagérée, de montrer à quel point ces étudiants sont capables de n'importe quelle action avec la plus parfaite amoralité car les techniques de management s'appliquent à toutes les activités humaines... et la prostitution, c'est ausi du marché !

C'est un jeu ! L'école est faite pour leur apprendre ce jeu dans lequel l'entreprise devient un concept abstrait de chiffres et de process. 
L'école sert aussi surtout à se constituer un réseau. C'est très important. Davantage que la scolarité.
De la forme et uniquement cela ! Le fond, aucun intérêt ! 

Si ce film traite aussi d'une certaine misère affective, elle procède de cette éducation "déshumanisée"

Heureusement, certains étudiants se protègent de cette manipulation et savent résister en utilisant les enseignements pour des objectifs où l'humain est central.
Les acteurs sont excellents. Ils ont parfaitement compris les personnages qu'ils devaient jouer, ces jeunes que l'on appelle la génération Y.
Kelly/Alice Isaak est merveilleuse en stratège froide. Louis /JB Lafarge parfait en "action man". Dan et Jaffar aussi campent bien leur rôle.

C'est un très bon film que les parents devraient voir pour qu'ils se rendent compte des écoles où peut-être iront leurs enfants.
Ne pas oublier qu'elles s'adressent à des familles de très bons niveaux de revenus. Une année d'étude à Kedge (Ecole de commerce de Bordeaux) coûte environ 10 000 Eurosde pour la seule scolarité
Pas de parents dans la salle de cinéma ! Dommage ! Uniquement des jeunes entre 20 et 23 ans.

2 commentaires:

  1. Loïc Raynal4/08/2014 5:33 PM

    Merci pour cette pensée.
    Je vous invite à lire "Des managers des vrais, pas des MBA" d'Henri Mintzberg...

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    1. Eh bien je vais cette semaine voir si je trouve ce livre à Bordeaux
      Merci du renseignement

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