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dimanche 7 août 2016

"Le Prédicateur" de Camilla Läckberg

Il est dur d'arriver jusqu'à la fin de ce polar. L'auteure nous encombre de beaucoup trop de  digressions qui ont peu à voir avec l'intrigue et alourdissent le livre. Autant la "Princesse des Glaces" nous a enthousiasmé par la nouveauté de ces crimes "à la suédoise" commandés par un luthéranisme dévoyé fait de magie noire et d'évangélisme sacrificateur, autant "Le Prédicateur" qui donne lui aussi dans le crime rituel est d'un ennui béant.
L'inspecteur Patrik Hedström passe au scanner la famille Hult, dégénérés provinciaux qui se vomissent les uns les autres. Sa femme Erica qui languie chez elle et dont nous suivons l'épuisante grossesse. 
Il fait chaud à Fjällbacka, petit port de villégiature très prisé des touristes suédois. 

Dur d'imiter Millenium !


On est loin de l'esprit du génial Mankell !

mercredi 3 août 2016

"l'Enquête Russe" de Jean François Parot

‟Les hommes qui remplissent de hautes fonctions emploient pour armes les stratagèmes
de l’intention. C’est le jeu, peut-être cynique, des masques et des miroirs. Il n’est pas
toujours opportun d’expliquer sa conduite et ses desseins. L’essentiel demeure de cacher
quelques vérités, sans pour autant les couvrir de mensonges.” propos de Sartine, ancien lieutenant Général de Police

Toute l'énigme de ce roman est contenue dans cette phrase qui ne sera comprise du lecteur qu’au dénouement de l’enquête menée par le sympathique Nicolas Le Floch, marquis de Ranreuil, commissaire de police au Châtelet.



Le Tsarévitch Paul
L'histoire commence lorsque le tsarévitch Paul, fils de l’Impératrice Catherine II, et son épouse veulent incognito visiter le royaume de France sous le nom de comte et comtesse du Nord.

Pour s’attirer les bonnes grâces du futur empereur de toutes les Russies, Sartine, ancien Lieutenant Général de Police et Vergennes, Ministre des Affaires Etrangères du roi Louis XVI, imaginent le subterfuge de voler un bijou précieux appartenant à l’épouse de Paul pour feindre de le retrouver puis leur remettre, prouvant ainsi à Paul la redoutable efficacité de sa police.
Nicolas Le Floch est chargé de cette délicate mission par l’intermédiaire d’un brigand que l’on tire de sa geôle lequel, grimé en valet, se sera fait embaucher par le Ministre de Russie à Paris chez qui logeront le comte et la comtesse du Nord durant leur séjour.

Le bijou, une broche, que toutes les têtes couronnées européennes envient, sera donc volé et retrouvé… dans la cage du perroquet qui loge lui aussi dans les appartements de Paul et de son épouse.

Maintenant que par cet acte délictueux la police du Roi de France est dans la place, l’enquête de Nicolas le Floch peut commencer.

Dans le même temps, un comte russe, Igor Rovski, ancien amant de la Grande Catherine, est assassiné dans un hôtel de la capitale où il réside? Pour quelle raison ?
Qui assassinera d'un atroce manière trois filles galantes Paris et à Chantilly ?

Y a-t'il une relation entre ces crimes ?

Tout un monde apparait petit à petit lié de près ou de loin à cette tragédie dont Nicolas Le Floch dénouera les fils.

Sauf un, que Sartine tirera…à la fin du livre.

La Paulet, célèbre tenancière de la maison galante, le Dauphin Couronné, et officiellement devineresse pour cacher son coupable métier de maquerelle, tire les cartes à Nicolas Le Floch et l’aura bien prévenu, tragédienne, ‟Méfie-toi d’une ombre puissante. Elle est à l’origine de tout cela” en parlant, bien-sûr, de l’affaire sur laquelle enquête le commissaire.

Tous les ingrédients d’un bon polar sont là. Les russes ont les attitudes et les propos que nous avons coutume d'attendre d'eux : ils sont buveurs et joueurs comme le comte Rovski, passionné ou colérique comme le tsarévitch. Les français, ceux de la cour et de l’Etat sont hautains et cyniques. Au milieu d’eux évolue la mystérieuse princesse de Kesseoren, sorte de Mata Hari, assez spectaculaire. Il y a même un américain ‟insurgent”, dirions-nous, un certain M. Smith. Que fait-il dans cette engeance ? Mais oui, en ce temps là le royaume de France se porte au secours de cette Amérique qu'elle délivre de la colonisation anglaise ! 


Comme toujours l’auteur fait danser son style qui combine harmonieusement les élégantes arabesques syntaxiques du XVIIIe avec l'écrit utilitaire et numérisé, du XXIe, employant à propos ces mots plein de saveur qui font la richesse de la langue de ce temps qu’adopteront toutes les cours d’Europe.
Jean-François Parot nous promène dans cet Paris animé et encombré du XVIIIe siècle. Nous 
suivons à Versailles le quotidien de Marie-Antoinette et Louis XVI. Les Liaisons Dangereuses de Choderlos de Laclos font un tabac. La Comédie Italienne fait salle comble à toutes les représentations. Une nouvelle scène, le Théâtre Français ouvre ses portes. 
Château de Marly
Nous irons à Marly d’où la vue sur Paris est panoramique. Et aussi au château de Chantilly où le Prince de Condé donnera une réception grandiose en l'honneur du futur empereur de Russie.

Enfin la gastronomie est au plus haut des subtilités culinaires chez le magistrat Noblecourt où Nicolas a logis. Léchez vos babines à la pensée d’un menu préparé par Catherine, cuisinière et alsacienne d’origine : asperges à la Pompadour, suivi d’oeufs en crépine et de poulet aux six clous, ceux-çi étant de belles truffes odorantes, et pour terminer un zuckerstrauber aux côtes de rhubarbe accompagné de confiture de coin. Tout ceci accompagné d’un vin de Fronsac provenant des vignes du très libertin Duc de Richelieu.

Ah que ce XVIIIe est beau ! Trop brillant, peut-être !