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dimanche 2 mars 2014

"The Grand Budapest Hotel" de Wes Anderson - VO



Quel enchantement, cette comédie ! Totalement loufoque et décalée.

On imagine, dans cette Mitteleuropa d’avant-guerre, l'Orient Express qui nous mène de Paris à Constantinople via Munich, Vienne et Budapest. Des hommes en long manteaux à cols de renard et des femmes blondes aux cheveux courts ondulés portant les perles par rang de 3, descendent des wagons-sleeping luxueux, montent dans une Rolls et se dirigent vers le Grand Budapest Hotel dans la République imaginaire de Zubrowka (curieux d’avoir appelé ce territoire du mot slave "herbe à bisons"). L'hôtel est rose comme un gros gâteau viennois de chez Mendl, comme ces marshmallows pastels que l’on dévorait enfant.. On évolue dans une peinture allemande des Alpes Suisses du début XXeme

L'Europe vit encore superbement dans les restes flamboyants de l'Empire austro-hongrois disparu sous les bombes de 14-18. On cours, on danse, on saute, on rit, on virevolte, on s’étourdie, on s’illusionne d’incroyables récits. On croque des diamants, on s'étouffe de caviar Beluga, on se noie dans le champagne millésimé à fines bulles. 
Les femmes ont la peau pâle et les hommes, des moustaches.

L’hôtel est situé très haut sur la montagne. Isolé et splendide, hors d'atteinte. Dans les desseins animés, les châteaux de légende sont toujours haut perchés, près des nuages. 
En bas, dans la plaine, c’est le monde qui grouille et qui penche dangereusement.

Un funiculaire qui monte et descend, séquence le film

Dans cette réalisation, l'intrigue a-t'elle une importance ? A mon sens pas vraiment ! On est pris dans un typhon, un tourbillon de couleurs. L’esthétisme et le rythme dépasse l'histoire. C'est un Opéra baroque, un bal viennois à Schönbrunn ou à Venise au Gritti Palace, une conférence diplomatique au Grand Hotel National de Lucerne ou bien encore au Grand Hotel des Iles Borromes à Stresa sur les bord du Lac Majeur, une ode au Satyricon de Pétrone, un clin d'oeil à la famille Addams ou au Nosferatu de Friedrich Wilhelm Murnau. 

Mr Gustav/Ralph Fiennes, concierge aux clés d’or, grand séducteur de vieilles dames richissimes, hérite de la Comtesse Desgoffe und Taxis/Tilda Swinton (clin d’oeil à la famille von Thurn und Taxis) du tableau "le Garçon à la Pomme" et court comme un lapin à travers l'Europe pourchassé par le tueur-vampire/Willem Dafoe payé par Dmitri Desgoffe und Taxis/Adrien Brody qui veut récupérer cet héritage de très grande valeur. 
Il y a du Charlie Chaplin dans cette comédie.
Zero Mustapha/Tony Revolori, le groom, c'est la fascination de l’Orient, la nostalgie de cet Empire turc disparu. Devenu âgé, il devient propriétaire de l’hôtel et conte, au début du film, les splendeurs passées du palace au jeune écrivain/Jude Law, cocktail de Sherlock Holmes et d’égyptologue. Dommage que le réalisateur n’ait pas pu trouver de rôle pour Louise Bourgoin qui était si brillante dans les Aventures d’Adèle Blanc-Sec.


A propos, "Le Garçon à la pomme" est remplacé au dessus de la cheminée par une peinture d'Egon Schiele. Je ne suis pas sûr que cet artiste viennois ait peint le tableau du film. Pas assez sensuel et abandonné, tel celui de la photo à gauche qui lui est authentique.
Anderson fait une grimace à l’époque.
Le masque, toujours ! Vivre grimé, travesti, caché… Pas de Batman pour sauver ce monde. C’est Le Joker qui gagnera !

Ce sera le dernier bal du "Monde d'Hier" si cher à Stefan Zweig. Bientôt on fêtera Halloween. On entrera dans l'automne et l'hiver. Et ce sera la guerre.

Wes Anderson a signé un très beau film

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