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vendredi 7 février 2014

"Réparer les vivants" de Maylis de Kerangal

Ce roman se forme, se déroule et déferle comme une vague. Une vague sur laquelle vont surfer tous les protagonistes du livres. Comme le surfeur qui attend patiemment le moment de La VAGUE, les héros se positionnent dans l’attente. Ils rament. Ils angoissent et fatiguent . Toujours être vigilant. Sentir le moindre signe, le plus petit indice, l’opportunité, tous les flux et reflux. Intuition fulgurante. Ne pas louper l’instant. Soudain il est là. Le moment est bref. Alors décider vite. La mission démarre. La vague se forme, ils montent sur son épaule et déroulent leur action à une vitesse vertigineuse.
La vague du livre est une vague de Point Break. C’est la plus agréable à surfer car elle a de belles épaules et se déroule sur de longues distances. Pour cet instant de pur bonheur, le surfeur quitte tout.
Un matin tôt Simon Limbres quittera ce lit chaud qu’il partage avec Juliette. Il va surfer avec ses copains sur la côte près du Havre. L’eau est très froide. Les vagues sont bonnes. Bonheur et moment d'éternité. Sur la route du retour, ils s’endorment dans le van. C’est l’accident. Simon percute le pare-brise. Ambulance. Hôpital. Coma qui deviendra coma dépassé. Puis état de mort encéphalique déclaré.

Et la mission en 24 heures chrono - moins 1 minute - démarre.

Montent sur la vague Marianne et Sean Limbres qui ont du mal à accepter à la mort de leur fils. La société rejette la mort très loin, n’est-ce-pas ? Puis Cordelia, le Dr Révol et Thomas Rémige et ses chardonnerets. Puis les Harfang, médecins de père en fils, Virgilio le lauréat ! Et enfin Claire.
Mais je ne vous dirai pas pourquoi et comment ils surfent car certains (es) vont m’accuser de spoiler.

L’auteur court avec les mots, allonge la phrase pour aller jusqu’au bout du détail afin que la description soit la plus juste possible et ainsi atteindre la parfaite maîtrise du réel. Ces phrases qui se déroulent comme des vagues, d’abord douces, puis accélération, aller de plus en plus vite, des mots, plus de mots, encore plus précis. Et puis silence, Cordelia Owl peut enfin s’occuper de son téléphone portable et Thomas Rémige écouter chanter ses chardonnerets.

Ce livre est un chant d’amour. L'auteur met une extrême délicatesse à orchestrer ses personnages dans un ballet à l'esthétique parfaite.
Elle aura puisé dans le dialogue du Platonov de Tchekhov "Que faire Nicolas ? - Enterrer les morts et réparer les vivants". Elle a bien fait: puissance du sentiment russe qui se concentre sur le point d'ébulition du coeur et des corps. Et je mettrai Tchaïkovski en maître de ballet.

Maylis de Kerangal a signé là un livre ma-gni-fi-que ! Il se lit d’une traite. On sort de ces pages, de l’eau, un peu épuisé mais rempli de bonheur ! " Naissance d’un pont " était brillant ! Avec " Réparer les vivants " elle s’est surpassée.

Merci Groody pour ce beau cadeau que tu nous as fait ! J’ai couru chez Mollat pour commander "Tangente vers l’Est "



2 commentaires:

  1. Je suis tellement ravie!!!!! Je cours chez mollat moi aussi. Bon weekend

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  2. Un livre magistral effectivement, un vrai coup de poing qui fait se poser beaucoup de questions.

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