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mercredi 20 août 2014

"1814, un tsar à Paris" de Marie-Pierre Rey


"C'est à vous de sauver l'Europe et vous n'y parviendrez qu'en tenant tête à Napoléon. Le peuple français est civilisé, son souverain ne l'est pas. Le souverain de la Russie est civilisé, son peuple ne l'est pas. C'est donc au souverain de la Russie d'être l'allié du peuple français". C'est ce que Talleyrand dit à Alexandre 1er lors d'une rencontre avec l'empereur russe après la débâcle de la Grande Armée en Russie.

Ce qu'il fait !

Alexandre 1er comprend que la seule façon d'avoir la paix est de vaincre Napoléon, totalement, afin qu'il quitte le pouvoir. Il est le seul à répéter inlassablement que Napoléon recommencera sans fin à violer la paix et à faire la guerre. 
Et malgré de nombreuses propositions, Il refusera jusqu'au bout de négocier avec Napoléon ou des membres de sa famille. 
Sur ce point, il a raison.

Pendant des mois à travers l'Europe, il poursuit Napoléon jusque sur le territoire français avec l'armée des coalisés, aux portes de la capitale française où, vaincu, l'empereur de français choisit d'abdiquer.
Et pour le malheur de la France, Alexandre proposera l'île d'Elbe comme refuge pour l'empereur des français.

Le 31 mars 1814, Alexandre 1er, tsar de toutes les Russies fait une entrée triomphale à Paris.
Les français attendaient des barbares, le cou orné "de colliers en oreilles humaines", et ils trouvent des gens polis dont beaucoup parmi les officiers parlent le français. Les français peuvent acclamer cet empereur qui leur déclare qu'il ne fait pas la guerre aux français mais seulement à leur empereur.
Il aime la France et il le prouve en veillant à ce qu'aucun de ses soldat ne manque de respect à l'égard des français.

Par mansuétude et clémence il ne cherche pas la vengeance contre les français. 
L'équilibre politique et la paix en Europe sera son grand chantier.

Eduqué très jeune par son précepteur suisse, Laharpe, qui lui enseigne les idées libérales et la tolérance, il admet que la France ne peut revenir à l'Ancien Régime et accepte un gouvernement Bourbon légitimé par une constitution qui restreint les pouvoirs du roi, lui fait partager le pouvoir législatif avec les chambres, restaure la liberté de la presse et des cultes.
"Le droit divin n'est plus une force pour la France. Datez votre règne du jour où on vous proclamera, vous ne saurez effacer l'histoire." Dira-t'il au futur roi Louis XVIII. 
Quoi de plus clairvoyant !

Mais si son intelligence politique a été brillante en Europe, Alexandre reste un russe conservateur sur la question polonaise et sur le sujet politico-social dans son pays. Il refuse une Pologne grande et forte, car la Russie craint une renaissance de ce pays qui a été une grande puissance du Xe au XVIIIe siècles. Quant à la politique dans son empire, il entend continuer à gouverner en autocrate, et la suppression du servage ne semble pas dans les pensées de l'empereur.
Toutefois, Alexandre aurait du réfléchir sur la situation polico-sociale dans son empire car les militaires, que l'empereur de Russie amène jusqu'à Paris, découvrent en parcourant Paris la libre-pensée et la démocratie. Beaucoup feront partie de la révolte de Décembristes en Russie en 1825 contre l'autocratie tsariste.

Alexandre, un grand empereur, qui a mis un terme à la folie napoléonienne ! 

Marie-Pierre Rey a brillamment analysé la stratégie politique d'Alexandre 1er. Son argumentation, simple et claire, met en lumière une facette de l'histoire méconnue de ce début du XIXe siècle, et remet en question nos connaissances, trop habitués que nous sommes à ne considérer cette période que par notre lorgnette nationale.

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